Eva Reynaud – Etudiante à l’ISFJ de Lyon
Depuis le 1er septembre, sur le campus universitaire de Bron, la Cafétéria Filtre, propose une offre de restauration du soir. Alors que la précarité étudiante explose, cette initiative leur permet de bénéficier d’un repas cuisiné même à l’heure du souper.

Auparavant seulement installée, au campus de la Doua, l’opération dîner permet aux étudiants de profiter d’un plat et de deux desserts, sur place ou à emporter. (Eva Reynaud)
Avec le sourire, Sabi, l’agent de service de la Cafétéria Filtre, sert tour à tour les étudiants. L’affluence est modérée aux alentours de 19 heures, les futurs diplômés font leur choix parmi les desserts et les plats proposés. Cette deuxième heure de service ne laisse pas beaucoup d’options, puisque plus aucun plat chaud n’est disponible, mais ils ont tout de même la possibilité de déguster un sandwich. Sabi, autrefois restaurateur, accueille chaque soir les boursiers et non-boursiers, qui souhaitent bénéficier d’un dîner.
En face de la Maison des étudiants, et à deux pas des résidences universitaires du campus Porte des Alpes, la cafétéria est ouverte de 18 heures à 20 heures.
Lyon se retrouve à la dixième position dans le classement des villes les plus chères de France, selon l’Union nationale des étudiants de France (UNEF).
« Aujourd’hui, étudier à Lyon, ce n’est plus se former, c’est apprendre à survivre » alerte le syndicat étudiant.
Le coût de la vie lyonnaise a augmenté de 6,53 %, et 37 000 boursiers font leur rentrée cette année dans les universités de la ville. La métropole trouve alors des solutions pour que les étudiants puissent notamment se nourrir correctement. Il s’agit de la seconde cantine rapide en service en soirée, sur les 18 en région lyonnaise.
Une phase de test réussie
Après la construction de 690 nouveaux logements sur le campus Porte des Alpes, le Crous continue de répondre aux problématiques étudiantes.
Ce premier mois a été conçu comme une phase de test destinée à évaluer l’intérêt des étudiants, et ainsi conduire à une hausse des livraisons selon la demande. Une vraie différence entre les premiers jours d’ouverture, et aujourd’hui est constatée, les habitués continuent de venir et certains découvrent tout juste ce service. Cette période de lancement est une réussite, la cafétéria est réapprovisionnée chaque soir de 50 repas chauds, tous vendus, ainsi qu’une trentaine de sandwichs. Une augmentation est prévue dès la semaine prochaine, 80 plats seront livrés, et le nombre devrait même dépasser la barre des 100 dans les semaines à venir. Les étudiants ont aussi la possibilité de prendre deux portions par soir, et ainsi de prévoir leur menu sur deux jours.
« On propose chaque jour un plat à base de viande, un autre à base de poisson, ainsi qu’une
alternative végétarienne, indique l’employé du réfectoire. L’objectif est de satisfaire tous les
étudiants, quel que soit leur régime alimentaire. »
Un gain d’argent et de temps
« C’est super avantageux, parfois je rentre un peu tard, et faire à manger tous les soirs c’est sympa mais si j’essaie de faire des plats sophistiqués, ça me prend un peu plus de temps, et avec les révisions, cela peut être compliqué. », nous raconte Nathan, étudiant non boursier.
Il vient le plus fréquemment possible le soir, pour pouvoir bénéficier d’une option végétarienne. Cali, lui aussi habitué, est boursier, il explique que c’est une véritable chance de manger pour 2 euros chaque jour, grâce à la restauration universitaire midi et soir.
Alors qu’un plein de courses est estimé entre 30 et 50 euros par semaine pour une personne, le bénéfice effectué n’est pas négligeable.
« C’est devenu un endroit convivial » confie Nathan.
Ce lieu sert aussi de point de rencontre pour les étudiants nouveaux, et souvent isolés. Il argumente en nous parlant de la relation de confiance qui s’est même installée avec Sabi, il crée une proximité et une bonne ambiance chaque soir.
Une belle opportunité pour les jeunes Lyonnais, puisqu’au-delà de répondre à des enjeux de précarité, c’est aussi la question de la solitude qui est prise en compte.

