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J’ai testé pour vous : vivre chez l’habitante

Par Léa Corbet

Léa Corbet – Etudiante à l’ISFJ de Lyon

À l’heure où les logements étudiants se font de plus en plus rares à Lyon, il faut trouver des alternatives. Michèle, 71 ans, possède un appartement de 99 m² dans le 7ᵉ arrondissement et a choisi de me louer la chambre de ses enfants.

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Michèle s’est installée dans son appartement actuel avec son mari et ses trois enfants en 1984. (Léa Corbet)

« Veux-tu une part de tarte aux prunes ? », me propose Michèle en souriant.

J’ai accepté sans hésiter. Cette pâtisserie fait partie de la longue liste de ses spécialités, dignes de celles de ma grand-mère. Tous les soirs, nous dînons ensemble. Elle me raconte ses anecdotes de voyage, je lui parle de mes cours, de ma vie étudiante et nos deux réalités se rencontrent. Mais vivre chez l’habitante ne se résume pas à profiter de bons petits plats.

450 euros par mois

Étudiante normande arrivée à Lyon pour mes études, j’ai vite découvert la jungle qu’est le marché immobilier. Loyers exorbitants, chambres minuscules.

C’est alors qu’une connaissance m’a parlé de Michèle : « La maman d’un ami, très ouverte d’esprit, serait ravie d’avoir un peu de compagnie.»

Après deux visioconférences, je me suis installée chez elle, dans la chambre de ses fils, Renaud et Romain, aujourd’hui quadragénaires. Le prix ? 450 € par mois, ou 150 € la semaine. Un tarif bien en dessous de la moyenne lyonnaise, où une chambre étudiante dépasse souvent les 500€. J’ai une liberté totale tant qu’il y a de la confiance et un respect mutuel. J’ai ma chambre, mais tout le reste est partagé : cuisine, salle de bain, salon.

Un échange intergénérationel

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Bureau de Renaud, fils de Michèle : mon espace d’étudiante au cœur d’un appartement où passé familial et présent étudiant cohabitent. (Léa Corbet)

Chacune fait ses courses, mais Michèle m’emmène volontiers en voiture et je l’aide en retour pour son ordinateur, un échange qui se construit au quotidien. Pour moi, l’expérience n’était pas nouvelle : j’avais déjà logé chez l’habitante à Caen en début d’études.

Mais pour Michèle, c’était une première : « J’ai déjà accueilli des amis de mes enfants, mais jamais une étudiante », raconte-t-elle. « J’ai pris l’opportunité. J’aime le fait de rendre service et ça me fait de la compagnie. Aussi, on n’a pas le même âge, pas le même vécu, mais on partage nos histoires et nos quotidiens. C’est enrichissant. »

Depuis le décès de son mari il y a dix ans, Michèle s’était habituée à la solitude. Cette colocation un peu atypique lui redonne de l’énergie :

« C’est agréable de voir la vitalité de la jeunesse. Tu as des projets, tu es en plein dans tes études… Moi, j’ai déjà fait ma vie. Mais c’est une richesse de confronter deux mondes différents : une retraitée et une étudiante. »

Vivre chez l’habitante, quand cela se passe bien, c’est non seulement une alternative abordable, conviviale et sécurisante mais aussi une façon de briser la solitude et de transmettre. C’est une colocation ou chacun trouve sa place et où, chaque soir, une nouvelle histoire s’écrit autour de la table… parfois avec une tarte aux prunes.

Où trouver son habitant(e)

Si j’ai trouvé Michèle grâce au bouche-à-oreille, il existe d’autres moyens de tenter l’expérience. Des sites comme Appartager ou Leboncoin proposent des chambres chez l’habitant. D’autres dispositifs, plus encadrés, facilitent la cohabitation intergénérationnelle : des associations comme Le Pari Solidaire LyonouTim & Colette mettent en relation des retraités disposant d’une chambre libre et des étudiants à la recherche d’un logement.